Togo : Lancement controversé de l’Assurance Maladie Universelle, une charge financière lourde pour les travailleurs ?
Dès le 1er janvier 2024, le Togo a mis en place son propre système d’Assurance Maladie Universelle (AMU), une initiative destinée à garantir l’accès aux soins médicaux essentiels pour tous, sans discrimination financière. Cependant, cette nouvelle politique suscite des inquiétudes en raison de ses implications financières, notamment pour les travailleurs.
Le décret N°2023-096/PR, daté du 4 octobre 2023, a fixé les taux, montants et modalités de recouvrement des cotisations dues au titre de l’AMU. Selon ce décret, les cotisations sociales à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) ont été augmentées, passant de 21,5% à 31,5%, soit une hausse de 10% pour l’assurance maladie universelle obligatoire. Cette augmentation est répartie de manière égale entre l’employeur et l’employé, avec une augmentation de 5% pour chaque partie.
Cette décision a des répercussions directes sur le pouvoir d’achat des travailleurs. Par exemple, un employé qui auparavant voyait 4% de son salaire retenu pour les cotisations sociales devra désormais en payer 9%. Cette diminution du revenu disponible affecte considérablement le niveau de vie des travailleurs, surtout ceux qui gagnent des salaires modestes.
De plus, cette augmentation des charges patronales crée des défis supplémentaires pour les entreprises, dont les budgets salariaux étaient initialement calculés en fonction des taux de cotisations antérieurs. Cette brusque augmentation des coûts salariaux entraîne une pression financière accrue sur les entreprises, ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur leur viabilité et leur capacité à maintenir des emplois.
Les critiques soulignent également le manque de préparation et de consultation préalables à l’application de cette nouvelle politique. Le fait que le décret soit signé au dernier trimestre de 2023, sans délai de grâce, accentue les difficultés rencontrées par les travailleurs et les entreprises pour s’adapter à ces changements.
Certaines voix dénoncent cette mesure comme étant insensible aux besoins et aux capacités financières des citoyens, et appellent à une gestion plus transparente et efficace des ressources du pays pour répondre aux besoins sociaux de la population.